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samedi 18 novembre 2023
La banane Cavendish menacée en Outre-mer par une épidémie mondiale
La banane reste le quatrième aliment le plus consommé au monde, après le blé, le riz et le maïs, mais elle est aujourd'hui menacée. La variété Cavendish est attaquée par un champignon, le Fusarium Oxysporum Cubense Tropical Foc4. Il décime les plantations en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. Les Antilles sont aussi menacées.
Cette épidémie, n'est pas une première. C'est l'histoire de la Gross Michel disparue dans les années 60 qui se répète. Face à l'inconstance des acteurs économiques de l'époque, face à la menace qui plane maintenant sur la Cavendish, le professeur Gert Kema ne décolère pas. Depuis son bureau du laboratoire de phytopathologie, section Génie Agricole de l'Université de Wageningue aux Pays-Bas, il déclare : "quand la Gross Michel a disparu, la Cavendish n’a pas tout de suite été adoptée. Il a fallu 20 ans pour qu’elle s’impose (...) l'industrie l’a adoptée, car elle pousse sur des sols infestés (par le FOC 1 NDLR) sans aucun problème"
Du point vu des industriels de l’époque, le problème était alors résolu. Personne n’a anticipé qu’il se produise la même chose pour la Cavendish. Les investissements nécessaires dans la recherche n’ont pas été faits, à l'inverse d'autres productions agricoles. Concernant le blé. 1200 gènes impliqués dans la résistance ont ainsi été identifiés. Pour la banane, cinq à peine sont connus.
La maladie de la Cavendish est apparue à Taïwan en 1968. Puis, elle s'est propagée en Océanie, Asie, Moyen-Orient et en Afrique. En 2020, Mayotte est touchée par l'épidémie. Le champignon est dans le sol des plantations de Koungou, Poroani et Bouéni. En 2023, 22 pays sont confrontés au champignon et les Antilles sont menacées.
Ce champignon, le Foc4, attaque les vaisseaux conducteurs de sève du bananier. Il provoque un jaunissement des feuilles, en commençant par les jeunes pousses. À l'intérieur du pseudo-tronc, les tissus se nécrosent. Systématiquement, le plant meurt.
Le champignon se propage dans les eaux d'irrigation, de drainage ou de ruissellement. Il se déplace avec les particules de terre contaminées collées aux outils, aux chaussures, aux animaux et aux véhicules. Il voyage porté par les vents. Persistant dans les sols contaminés pendant plus de trente ans, il est une menace pour un grand nombre de variétés de bananes.
La recherche envisage donc toutes les possibilités pour ralentir l'épidémie et donner à la science, le temps de trouver la parade. Comprendre le mal et le combattre, ce sont les objectifs que se sont fixés les membres de l'équipe du professeur Gert Kema.
Emmanuel Gire
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